© Marie-France Cros | La Libre Belgique
Mis en ligne le 07/09/2007
Les violences armées au Kivu (est du Congo) et les jeux troubles se
poursuivent. La situation est explosive. Une nouvelle guerre n'est pas exclue.
L'immobilisme qui ronge ainsi le Burundi depuis de longs
mois a poussé la guérilla hutue des FLN à quitter les discussions de paix. De
retour au maquis, elle apporte une aide aux FDLR (rebelles hutus rwandais,
issus des génocidaires) en convoyant les recrues de ces derniers du Rwanda au
Kivu (est du Congo) où ils ont pris le contrôle d'importants territoires; en échange,
les FLN reçoivent des armes des FDLR.
Supplétifs
ex-génocidaires
Ces derniers étaient jusque très récemment eux-mêmes armés
par Kinshasa, qui les utilise comme supplétifs; ce sont, en effet, de meilleurs
soldats que les troupes congolaises. Dans le passé, il s'agissait de combattre
l'armée rwandaise d'occupation, aujourd'hui les rebelles congolais tutsis de
Minembwé (Sud-Kivu) et du général Nkunda (Nord-Kivu). De source bien informée, "les
FDLR prennent des positions occupées par les hommes de Nkunda et les donnent à
l'armée congolaise le lendemain".
Si Kinshasa arme les FDLR, c'est que le nouveau pouvoir
congolais craint toujours, malgré la paix, l'armée du Rwanda, bien meilleure
que celle du Congo - peu ou pas payée, indisciplinée et faite de bric et de
broc.
Kinshasa craint tant Kigali qu'elle ne veut pas voir qu'elle
est en train de se créer un nouveau problème pour demain : la souveraineté que
sont en train de se tailler les FDLR au Sud-Kivu et dont il sera bien difficile
de les dépouiller ensuite. Les autorités congolaises ferment en outre
volontairement les yeux sur les exactions hors normes - même pour le Congo,
pourtant accablé en la matière - que commettent les FDLR sur les populations
civiles du Kivu.
Le Rwanda, qui dépend étroitement de l'aide extérieure
(comme le Congo et le Burundi), a fait d'importants efforts pour satisfaire la
communauté internationale en se retirant du Congo, officiellement et
officieusement. Mais il est évident que si les FDLR menacent ses frontières, il
pénétrera à nouveau au Congo, relançant une nouvelle guerre.
Les FDLR ont tout intérêt à cette aggravation, qui leur
octroierait au grand jour le statut d'allié de Kinshasa. De même, le général
congolais mutin Laurent Nkunda a tout intérêt à pousser ses principaux adversaires
sur le terrain, les FDLR, à pénétrer au Rwanda : une nouvelle guerre rendrait à
ce proscrit et à ses troupes - des Tutsis congolais - le statut d'allié au
grand jour de Kigali.
Positif : un accord a été signé lundi dernier entre Kigali
et Kinshasa par lequel "les deux parties s'engagent à tout mettre en
oeuvre pour que les ex-Far et Interahamwés (les FDLR) désarment et rentrent au
Rwanda". L'accord est toutefois combattu par les faucons à Kinshasa et le
ministre belge des Affaires étrangères Karel De Gucht a déploré, vendredi, que "l'impulsion
positive de lundi soit contredite par les hostilités qui se sont produites sur
le terrain ces derniers jours". Des combats avaient en effet toujours lieu
à Rutshuru vendredi.
Les Grands lacs sont donc sur un baril de poudre, dont
l'explosion réduirait à néant des années d'efforts diplomatiques et financiers
internationaux et d'efforts politiques et de courage des populations de la
région.
Kampala, pétrole et
Bemba
Vendredi, le président congolais Joseph Kabila est parti en
Tanzanie pour rencontrer ce samedi son homologue ougandais Yoweri Museveni. Il
s'agit de réduire les tensions frontalières entre les deux pays au sujet de
recherches pétrolières. Et peut-être de s'assurer que Kampala ne soutient plus
son ex-allié congolais Jean-Pierre Bemba, l'opposant que le maître de Kinshasa
veut maintenir en exil.
Ndlr: Il faut reconnaître en pensant aux précédents écrits de la journaliste Marie-France Cros qu'"Errare humanum est". L'erreur est humaine. Mme Cros a sans doute écouter les judicieux conseils de ces confrères congolais et s'informe auprès de bien meilleures et fiables sources que par le passé. Pourvu que cela dure ! Dunia SENDWE