A la question : Comment
appréciez-vous les 9 demandes de mandats d'arrêt
internationaux du juge Bruguière concernant des proches de
Paul Kagamé ? 10.935 (last update : 5 décembre 2008) internautes du site internet Africa Time soit 88,12% ont répondu : Une
suite logique à une véritable enquête judiciaire
du magistrat français Bruguière.
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Longue de près de 70 pages, l'ordonnance signée par le juge Bruguière est inhabituelle. Saisi depuis 1998 à la suite de la plainte des parents des pilotes français dans l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, de l'avion, celui-ci n'était pas obligé de motiver l'émission de mandats d'arrêt internationaux.
Selon le juge
français Bruguière, la décision d'attenter à
la vie du président rwandais aurait été prise
lors d'au moins trois réunions tenues fin 1993 et début
1994 au quartier général du haut-commandement militaire
du Front patriotique rwandais (FPR) à Mulindi. Etaient
notamment présents, autour de Paul Kagamé, son adjoint
le lieutenant-colonel James Kabarebe et les officiers Faustin
Nyamwasa Kayumba et Charles Kayonga.
Le juge affirme que
"l'ordre final d'abattre l'avion présidentiel a été
donné par Paul Kagamé lui-même lors d'une réunion
qui s'était tenue à Mulindi, le 31 mars 1994, la
planification et la phase opérationnelle étant confiées
au colonel James Kabarebe, qui avait été notamment
chargé de constituer une équipe spécialisée
dans l'utilisation de missiles sol-air fournis par l'Ouganda".
Une équipe désignée sous l'expression de
"Network commando".
Le juge Bruguière
développe aussi sa propre analyse du génocide. Il
suggère que le chef du FPR avait prévu et
instrumentalisé les massacres, déclenchés par le
régime hutu. "Le général Paul Kagamé
avait délibérément opté pour un modus
operandi qui, dans le contexte particulièrement tendu régnant
tant au Rwanda qu'au Burundi entre les communautés hutu et
tutsi, ne pouvait qu'entraîner en réaction des
représailles sanglantes envers la communauté tutsie qui
lui offriraient le motif légitime pour reprendre les
hostilités et s'emparer du pouvoir avec le soutien de
l'opinion internationale", écrit-il.
Le juge y affirme
que, "pour Paul Kagamé, l'élimination physique du
président Habyarimana s'était imposée à
partir d'octobre 1993 comme l'unique moyen de parvenir à ses
fins politiques", c'est-à-dire "une victoire totale,
et ce au prix du massacre des Tutsis dits 'de l'intérieur'".
Protégé
par l'immunité réservée aux chefs d'Etat, le
président rwandais devrait être traduit devant le
Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), estime M.
Bruguière, qui fait part de son intention de saisir le
secrétaire général de l'ONU à ce sujet,
afin qu'il informe le procureur du TPIR des charges retenues.
Les
neuf personnes visées par les mandats – dont la date a été
fixée en concertation avec le gouvernement français et
le principe validé par le parquet – sont James Kabarebe,
chef d'état-major général des forces rwandaises
de défense; Faustin Nyamwasa-Kayumba, ambassadeur du Rwanda en
Inde ; Charles Kayonga, chef d'état-major de l'armée de
terre ; Jackson Nkurunziza, qui occuperait actuellement un poste à
la garde présidentielle ou au sein des Forces rwandaises de
défense ; Samuel Kanyemera, député du Front
patriotique rwandais (FPR); Rose Kabuye, née Kanyangé,
directeur général du protocole d'Etat ; Jacob Tumwine,
lieutenant-colonel démobilisé ; Franck Nziza, qui
occuperait un poste de capitaine à la garde présidentielle
ou un poste de responsable d'une unité administrative ; Eric
Hakizimana, qui occuperait un poste au sein du département G2
du Directorate of Military Intelligence.
Chose curieuse, Abdul
Ruzibiza ne serait pas visé par les mandats d'arrêt :
cet ancien infirmier et soldat, en rupture de ban du FPR, est l'un
des témoins clés du juge Bruguière. Lors de ses
auditions, puis dans un livre paru il y a un an (1), Ruzibiza a fait
le récit circonstancié de l'attentat relaté
aussi par Pierre Péan (2) et auquel il dit avoir
participé. Ruzibiza, exfiltré par les services français
via l'Ouganda, vit désormais en Norvège, où il a
obtenu l'asile politique ...
Liens importants :
Vidéo : Reportage sur l'Attentat terroriste perpétré contre Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994