Télécharger les Conclusions de l'Union Européenne sur le Congo ( Déc 2008)
N. Sarkozy, J. M. Barroso, J. L. Borloo
© Service photo de l'Elysée - Laurent Blevennec
En
RD Congo, tout va bien, M. Sarkozy ?
Mercredi 17 décembre
2008 | par Nicolas Gros-Verheyde | Source
A
lire les rapports de l'Office des affaires humanitaires de l'ONU
(OCHA) et de la MONUC, on peut en douter. Botter en touche et rejeter
la faute - comme l'a fait Nicolas Sarkozy, le président
français qui exerce la présidence du Conseil de l'UE,
lors du sommet
européen -, sur l'organisation de la MONUC et impliquer
les acteurs régionaux ne semble pas être très
adéquat. Pour être équilibré, je dois dire
que le fait que d'un coté la MONUC se vante, dans un
communiqué,
que la situation à l'est est "relativement calme",
et que, dans le même temps, d'autres rapports de la MONUC, de
l'ONU ou des ONGs semblent proclamer le contraire, ne facilite pas
l'appréhension claire de la situation. Le général
Gaye a d'ailleurs appellé, encore récemment, à
l'arrivée de la force multinationale (indiquant également
aux Européens certaines tâches
prioritaires).
L'insécurité
continue au Nord Kivu. "L'instabilité
de la situation sécuritaire caractérisée par la
poursuite d'actes de pillages nocturnes par des hommes armés
au Sud de Lubero, et la cohabitation entre les milices Mayi-Mayi et
les FARDC dans la partie Est du sud de Lubero inquiètent la
communauté humanitaire qui n'arrive pas encore à faire
de distributions directes aux populations vulnérables dans
cette zone. Les localités de Kirumba, Kayna, Kanyabayonga et
la zone de Kamandi demeurent encore des foyers d'insécurité
où des problèmes de protection sont rapportés et
dont les auteurs sont principalement les militaires FARDC et des
miliciens Mayi-Mayi".
Ou encore : "En
raison de l'insécurité permanente créée
par des groupes armés incontrôlés dans le
territoire de Rutshuru, plusieurs axes ne sont plus accessibles
notamment Kiwanja – Ishasha, Kiwanja – Vitsumbi, Rutshuru –
Mutabo – Karambi – Busanza et Burayi – Bunagana."
Laisser
faire le gouvernement congolais ne résout rien, au contraire,
il semble aggraver l'insécurité.
"Les
problèmes de protection continuent à se poser avec
acuité et sont exacerbés par une forte présence
d'hommes armés (FARDC et Mayi-Mayi)."
De plus des problèmes annexes sont posées à
Butembo-Kanyabayonga par les familles des militaires qui
exigent leur prise en charge au même titre que les autres. Du
coup, les humanitaires "sont
contraints de ne pas faire de distributions auprès des
populations retournées".
Les Humanitaires ONU-ONG demandent donc que "le
gouvernement prenne en charge ces militaires et leurs dépendants,
afin d'éviter le pillage des biens et des civils, et la fin de
leur ingérence dans l'administration publique".
La
MONUC se réorganise déjà.
Environ 10 000 hommes sont présents dans le Kivu a assuré
Alan Doss, le chef de la MONUC.
Mais c'est au prix d'un
dégarnissage de certaines autres régions. Où
tout risque n'est pas éteint. Notamment du coté de la
province orientale. Et selon Doss, il n’est pas exclu que la MONUC
qui dégarnit en ces jours l’effectif de ses troupes en Ituri
pour le Nord-Kivu puisse, au cas de besoin, les redéployer de
nouveau dans ce district de la Province Orientale. Selon un dernier
décompte de la MONUC : "6.139
hommes sont stationnés dans le Nord Kivu (soit 8 bataillons
sur les 17 qu’elle compte) : entre 800 et 1.000 hommes sont
déployées à Goma; 3.513 autres sont dans le Sud
Kivu. 3.769 Casques bleus sont opérationnels dans l’Ituri,
"l’une des régions de plus sécuritairement
volatiles".
Tandis que le reste de la force est dans l’Ouest de la RDC dont
Kinshasa.
Le
risque n'existe pas seulement au Kivu mais dans tout l'Est.
En Ituri, "la
rivalité constatée entre les milices FJPC et FRPI
inquiète la communauté humanitaire qui redoute
l'imminence d'affrontements entre ces groupes qui pourraient
occasionner encore des nouvelles vagues de déplacements de
populations."Les populations qui sont sur l'axe Bunia-Bogoro
sont sujettes à des exactions et abus de tout genre comme les
viols, les taxes illégales et les arrestations arbitraires.
Certains des déplacés ne peuvent accéder aux
champs alors que c'est la saison de la récolte."
Et les humanitaires de s'interroger : "Sommes-nous dans une
spirale sans fin de combats entre victoires successives des FARDC et
des miliciens ? S'agit-il de questions de DDR non résolus ou
mal résolus ?"
Les
attaques contre les humanitaires continuent.
Un mort et un blessé lors d'une attaque, lundi 15 décembre,
sur un convoi de 3 véhicules des ONG à Burayi, 5
kilomètres de Rutshuru, selon Radio
Okapi. Les victimes étaient à bord d'un véhicule
de l'ONG italienne Avsi. C'est la milice rebelle, CNDP, qui contrôle
ce secteur. Elle dément avoir tiré. Un autre
humanitaire, de la Norwegian Church Aid (NCA), agressé à
Nzulo le 10 décembre, par des éléments FARDC
(troupes régulières), est toujours dans un "état
critique" selon les ONGs. Le bilan pourrait être pire : un
militaire des FARDC a tiré à bout portant le 11
décembre sur un véhicule de SC-UK près de
Kibati. "Le
chauffeur et les deux passagers ont réussi à se mettre
à l'abri à temps".